Enquête « Meanwhile, in Fukushima »//Dan.Digital //…sauf la lune
Dans le cadre de l’enquête « Engagement, Résistance, Usage Social » sur la participation au projet de Dominique Balaÿ « Meanwhile, in Fukushima », voici les réponses au questionnaire de Dan. Digital pour sa pièce …sauf la lune.
écouter …sauf la lune : ici.
Pourquoi avez-vous choisi de participer au projet « Meanwhile, in Fukushima » ? En quoi « fukushima » est-il un événement pour lequel on peut s’engager ?
J’ai choisi de participer à ce projet pour différentes raisons. En premier lieu pour une question simple de solidarité envers des gens qui viennent de subir une double catastrophe dont les conséquences seront subites par leurs descendants. Je suis engagé dans une démarche écologique et je suis donc opposé au nucléaire. Je me suis rendu au Japon il y a quelques années, c’est un pays que j’ai beaucoup apprécié en particulier pour cette grande culture et son rapport à la nature, je suis donc personnellement sensibilisé par ces catastrophes.
Pouvez-vous décrire la pièce que vous avez proposée à « Meanwhile, Fukushima » ?
C’est une pièce électroacoustique en deux parties à peu près égales, en forme de miroirs. Les deux parties évoquent l’aspect double de la catastrophe de Fukushima, naturelle et nucléaire. La pièce est construite comme un film à l’envers, l’explosion finale peut-être le tremblement de terre sous-marin qui déclencha la catastrophe, et le début de la pièce peut être une illustration des conséquences des irradiations. Ceci peut être une grille de lecture mais il peut y en avoir d’autres. Je ne souhaite pas donner de direction précise d’écoute, chacun est libre de son interprétation.
Quels sont les choix sonores, de compositions, de dispositifs… qui traduisent votre engagement ? Ou comment votre engagement passe-t-il dans votre musique ?
Je suis parti d’un haïku ( sorte de proverbes ) du moine zen Ryôkan : » le voleur m’a tout pris sauf la lune à ma fenêtre « , qui me semble bien symboliser l’esprit de résilience du peuple japonais. J’ai utilisé des sons de Shakuhachi (flute japonaise ) transformé ainsi que des sons de bol chantant pour symboliser l’aspect » naturel « . Ces sons sont en opposition avec des sons itératifs plus agressifs qui symbolisent l’aspect » mécanique » de la catastrophe.
De même que je ne souhaite pas imposer une grille de lectures formelles strictes, je ne cherche pas particulièrement à traduire un quelconque engagement dans ma musique. Ma musique est engagée de fait. N’étant pas commerciale ni soumise à aucun impératif de profit ou de rendement, elle est un « acte de résistance » par nature.